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MANDALA DE YAMANTAKA VAJRABHAIRAVA
Gouache sur toile.
55,5 x 40 cm
Tibet. ca. milieu
du 17° siècle
Ce mandala
est dédié à Yamântaka, (rDo-rje 'jigs-'byed),
le destructeur de Yama, dieu de la mort. Il est figuré au centre du
schéma psycho-cosmographique, sous son iconographie classique à
34 bras, 16 jambes et neuf faces, dont la principale taurine serait une assimilation
de celle de Yama, et celle du sommet est celle de Mañjuçri,
le bodhisattva de la sagesse dont il est une émanation farouche.
Autour de sa
représentation, se développe toute la construction du mandala
classique suivant un schéma architectural ouvert aux quatre orients,
orné de festons, de kapala, et de multiples symboles auspicieux. L'ensemble
repose sur un socle lotiforme qui figuré en plan semble l'entourer,
lui même encerclé d'une traditionnelle barrière
de flammes multicolores et de la belle et très vivante représentation
des huit cimetières tantriques classiques.
Comme souvent
dans l'art tibétain, l'intérêt de cette
oeuvre dépasse largement le cadre ésotérique pour rejoindre
l'histoire.
Le diagramme
est adossé à un paysage. Dans la partie supérieure,
comme flottant dans les cieux, sont identifiables par les inscriptions:
à gauche; Jñanadâkini, contrepartie féminine de
Vajrabhairava, et à droite, le mahâsiddha Lalitavajra qui serait
à líorigine de la transmission du cycle tantrique de Yamantaka.
Dans la partie
inférieure, trois moines coiffés de jaune, indiquant clairement
une appartenance à l'école dGe-lugs-pa. L'importance
du cycle de Yamantaka dans cette école est essentiellement liée
au fait que son fondateur rTsong-kha-pa était considéré
comme une émanation terrestre de Mañjuçri.
Le moine de gauche
est identifiable par l'inscription comme le célèbre
Rva lo-tsa-ba rDo-rje-grags dont les traductions de textes indiens en tibétain
permirent la diffusion du cycle de Yamantaka au Tibet. Le moine de droite
est plus difficile à identifier avec précision, mais il s'agit
probablement d'un des maîtres spirituels de celui qui assis
sur un trône de coussins occupe le centre du paysage, et est loin d'être
un inconnu.
bLo-bsang
chos-kyi rGyal-mtshan (1570-1662) fut une figure importante de l'école
dGe-lugs-pa et de la vie religieuse et politique tibétaine. Abbé
du célèbre monastère de bKra-shis lhun-po, il fut le
maître du quatrième Dalaï-Lama, et surtout le tuteur du
cinquième. C'est justement ce cinquième Dalaï-Lama
qui devait lui conférer le titre de premier Panchen-Lama, émanation
du bodhisattva Amitâbha, créant ainsi une nouvelle lignée
de réincarnations.
Sa position centrale
sur un trône de coussins et non sur un socle lotiforme, ainsi que quelques
autres détails, permettent d'envisager avec une quasi certitude
que cette peinture fut exécutée de son vivant, soit avant 1662.
Le style particulier
de la peinture avec inclusions de paysages, (noter le beau traitement des
montagnes enneigées), est caractéristique des développements
que connaîtra l'art tibétain sous le règne du
5° Dalaï-Lama, en incluant plus visiblement des éléments
stylistiques venus de Chine. La possibilité de dater cette peinture
dans un court laps de temps s'étendant d'environ 1640
à 1662 en fait un maillon important pour l'étude et
la datation des peintures de cette période.
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