Avalokiteshvara.

Bronze. h. 15 cm
Tibet/Népal. ca 12°-13° siècle

Exceptionnelle représentation du «seigneur qui regarde avec compassion», reposant dans l'attitude du délassement, (ardhaparyañka), sur un double socle lotiforme, le pied droit soutenu par un lotus remontant de la base du trône.
Son bras gauche s'appuie en arrière près de la base d'un lotus remontant au niveau de son épaule, le droit est étendu, la main reposant sur le genou maintenant un chasse mouche aux crins en argent.
La tête portant une couronne de fleurs est surmontée d'un haut chignon (mukuta) composé d'un remarquable enlacement de nattes.

Cette très rare iconographie d'Avalokiteçvara est recensée par Marie-Thérèse de Mallmann dans son «Introduction à l'iconographie du tantrisme bouddhique» qui nous rapporte qu'elle est décrite dans le Sadhânamâllâ 3 à 5 comme un aspect assistant placé à la gauche d'une image du Buddha. On peut donc en déduire que cette image devait initialement faire pendant à une représentation de Maitreya ou de Mañjuçrî, de part et d'autre d'un Buddha.

Au delà de ses indéniables qualités plastiques, cette remarquable sculpture présente une synthèse artistique d'un intérêt fondamental en regard de l'histoire de l'art.

Au premier regard, cette oeuvre évoque les meilleurs exemples de la statuaire indienne du Bengale et du Bihâr sous les règnes des souverains Pâla et Sena.
La grâce générale, largement supérieure à celle des archétypes indiens, l'alliage à très forte teneur en cuivre, la perfection technique pour le traitement des détails, et la stylistique propre aux traits du visage trahissent la main d'un artiste Néwar en tant qu'auteur.
Les traces de pigments or et bleu sur le visage et la chevelure, attestent d'une utilisation de l'oeuvre dans un contexte purement tibétain, pour lequel cette image a du être créée.

Cette synthèse d'un strict modèle Pâla-Sena, d'une iconographie rare dans le monde himâlayen,du choix d'un grand artiste de tradition Néware et de l'inclusion d'un élément fondu en argent, permet d'envisager que cette sculpture ait pu être exécutée pour un des premiers souverains Khasa-Malla qui régnèrent sur une large part de l'Himâlaya-Occidental (Inde, Tibet, Népal) entre 1150 et 1350 environ.
La prédominance de l'esthétique Indienne sur l'apport Néwar inciterait à placer cette sculpture en tête de la chronologie des oeuvres de ce corpus encore réduit.
Le style particulier développé chez les Khasa-Malla devrait être considéré comme un style tibétain majeur à part entière, qui par l'envoi d'artistes et les donations faites par les monarques successifs aux grands monastères du Tibet-Central, a certainement joué un rôle non négligeable dans les développements de l'art classique tibétain.
L'élargissement progressif du corpus et les dépouillements de textes en cours ne manqueront pas de mettre ce point en lumière.

Ce subtil assemblage n'ayant retenu que le meilleur du classicisme indien, de l'esthétique néware, et de l'esprit tibétain, fait sans nul doute de cette sculpture un réel chef-d'oeuvre de l'art pan-indien des 12° et 13° siècles.

VENDU / SOLD FOR : 35 000 Euros
26/02/2003
en collaboration avec / in partnership with:
Cornette de Saint Cyr

Photo: © M-C Daffos

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