Baoulé. (Côte-d'Ivoire)
Bois. h. 31
cm
Exceptionnel
masque-portrait (mblo) masculin.
La coiffe composée
de six petits chignons est ornée d'un peigne sculpté
à plat sur le sommet. La jointure des sourcils et les tempes sont
ornées de clous de tapissier a tête de laiton. Les
grands yeux superbement et très finement fendus vers le bas furent
autrefois recouverts de plaques de métal, étain, cuivre ou
laiton, de même que la bouche qui porte encore deux agrafes. Sous
le menton, une fente rectangulaire porte encore le départ d'une
barbe tressée en cheveux. Les perforations permettant de fixer le
costume sont rectangulaires. Très belle patine d'usage.
Remonte très
probablement au XIXème siècle.
Provenance: Offert au père de l'actuel proprietaire, qui fut administrateur
colonial à Dimbokro, par le chef Jean Diby, chef superieur
des Baoulés de la region de Dimbokro, et descendant direct
de Dimbo, fondateur du village de Dimbokro (kro en baoule voulant
dire village).
- A figuré
à l'exposition d'Art Ancien Baoulé tenue lors
de la foire exposition d'Abidjan de 1951. Une photographie de l'interieur
du masque présentant l'étiquette de l'exposition
aujourdhui disparue sera remise à l'acquéreur.
Selon Susan
Vogel dans son ouvrage L'Art Baoulé du Visible et
de l'invisible, ce type de masque utilisé lors des
danses de divertissement constituerait une des formes les plus archaïques
de l'art baoulé, les diverses traditions les faisant remonter à
des temps immémoriaux, ou aux temps où les ancêtres
ont émergé de la terre ou sont descendus du ciel.
La simple reprise
de quelques lignes de son chapitre consacré aux masques Mblo permet
de parfaitement cerner à quel point nous nous trouvons ici en présence
d'un objet pouvant sans conteste être considéré
comme un archétype du genre.
"Plus que toute
autre sorte de masque, le Mblo incarne le style sculptural baoulé
fondamental..... Les surfaces courbes, bien lustrées, suggérant
une peau propre, saine et bien nourrie, sont mises en valeur par des surfaces
à la texture délicate...... Les visages sont idéalisés
et pensifs, et offrent le front haut de l'intelligence éveillée
et les grands yeux baissés de la présence respectueuse au
monde......les décorations qui surmontent le visage - oiseaux, peignes....-
sont choisies pour leur beauté et n'ont pas de signification
iconographique: barbes tressées, coiffures et scarifications dénotent
la beauté personnelle, le raffinement, et le désir d'apporter
du plaisir aux autres....les masques Mblo étaient le sommet de la
sculpture baoulé, sa forme artistique la plus belle.... Les artistes
du passé semblent ne s'être jamais répétés
dans ces oeuvres, probablement parce que ces masques sont des portraits
qui représentent des personnes particulières et par conséquent
différentes."
S'agissant
d'un masque-portrait provenant de la famille du fameux Dimbo qui
dut être un chef important, et compte tenu de l'ancienneté
et des remarquables qualités plastiques de cette oeuvre, il n'est
pas interdit de supposer que nous puissions nous trouver en présence
d'un portrait du fondateur du village.
Les masques
de ce type, aux yeux et à la bouche plaqués de métal
sont rares, et généralement considérés comme
les plus anciens. Cette extrême rareté fait que peu
de pièces de cette qualité; sont apparues sur le marché.
On peut citer; le masque autrefois dans la collection Max Rouayroux vendu
par Maîtres Loudmer, Poulain et Cornette de Saint Cyr le 6 juin 1973,
et le célèbre masque de l'ancienne collection Gaston de Havenon
vendu par Maîtres Lombrail et de Quay le 30 Juin 1994.
Vendu 330
000 Francs (50 308 Euros) le 23 Octobre 2000
lot n° 33 de la vente
dirigée par Maître Cornette de Saint Cyr
paris-Hôtel-Drouot
Salle 6 |